Notre temps de prière à l’occasion de notre nouvelle union
« Lorsque nous avons décidé que voulions passer notre vie ensemble, de nous engager l’un envers l’autre, il était tout aussi évident et naturel pour nous que nous voulions également nous marier.
Rolf-Arne avait déjà été marié, moi non, mais nous souhaitions aussi placer notre couple sous le regard, la bénédiction et la protection de Dieu
Rolf-Arne ne souhaitait pas essayer de faire annuler son premier mariage religieux, par respect pour sa première femme et de la signification du sacrement du mariage. L’annuler aurait signifié le renier. De mon côté, je ne souhaitais pas qu’il le fasse « pour nous », cette honnêteté vis-à-vis de cette première tranche de sa vie étant partie entière de sa personnalité.
Nous souhaitions donc placer notre amour sous le regard de Dieu et avons réfléchi aux possibilités qui pouvaient s’offrir à nous dans notre situation. Nous savions que certains prêtres acceptaient de bénir un nouveau couple, mais que tous ne le faisaient pas. Nous nous serions contentés d’aller symboliquement prier ensemble dans le cas où nous n’aurions trouvé personne qui pouvait répondre à notre demande.
Nous avons donc contacté la Paroisse du Val de Saône afin de discuter de ce qui serait possible de faire dans notre cas, et avons eu la bonne surprise d’apprendre que la Paroisse avait non seulement un couple dédié aux divorcés-remariés mais également qu’elle proposait un temps de prière, nous avions la possibilité de faire un cheminement, de réfléchir sur le sens du mariage, sur la raison de notre volonté de nous engager et surtout sur la pertinence de notre désir de placer notre couple sous le regard de Dieu.
Nous avons donc rencontré Catherine et Pierre, qui nous ont chaleureusement et longuement accueillis chez eux. Ils nous ont expliqué le sens de leur démarche, la signification pour eux, pour nous, d’un cheminement vers un temps de prière sous le regard de Dieu et dans le cadre de l’Eglise, de Dieu, ainsi que les similitudes et différences par rapport au sacrement du mariage.
Leur engagement pour la cause des divorcés-remariés nous a énormément touchés. Nous avons compris que de plus en plus de paroisses comprenaient qu’elle devaient s’aligner sur les besoins de la société actuelle et de leurs paroissiens, qu’elles avaient le courage d’accompagner leurs paroissiens dans leurs demandes et démarches, qu’un mouvement de réflexion de l’Eglise catholique était en route, via le nouveau Pape François, même si les bases des sacrements religieux se devaient de rester tels qu’ils sont.
Certaines églises locales essaient apparemment aujourd’hui de concilier « règlements » et nouveaux besoins afin de permettre à leurs paroissiens de vivre leur foi au plus près de leur Eglise.
Catherine et Pierre nous ont remis un plan de route du temps de prière pour divorcés-remariés, une liste de textes que nous pourrions choisir pour le construire et nous ont expliqué comment le préparer afin de respecter non seulement nos besoins mais aussi la sensibilité de l’Eglise.
Ils ont également insisté sur le caractère intime de ce moment, la logistique, mais aussi la liberté que nous avions de le construire en fonction de nos personnalités, de ce que nous voulions partager.
Un bel exemple en est l’échange d’un symbole de notre amour. Lors d’un mariage, les futurs mariés échangent leurs alliances. Nous, nous avions la possibilité d’échanger ce que nous considérions être un symbole de notre amour. Nous avons choisi d’échanger des tasses de porcelaine, symbole pour nous de la fragilité de l’amour, du soin à y apporter, des moments d’intimité et d’échanges qui contribuent à le construire.
Nous avons choisi de construire notre temps de prière et de choisir nos textes autour de la signification de ce symbole et avons choisi comme textes Les Béatitudes et La rencontre du petit prince et du renard, et, étant un couple franco-allemand, des chants connus en France et en Allemagne.
Nous avons ensuite rencontré le Père Emmanuel Boulon qui allait nous accompagner durant ce temps de prière afin de discuter avec lui du sens de notre engagement, et notre choix de textes et chants et de préparer le temps de prière.
Nous l’avions vu « en action » lors d’une messe et nous sommes immédiatement sentis en accord avec sa personnalité dynamique et la manière énergique avec laquelle il aimante l’assistance.
Là aussi, autre bonne surprise. Nous habitons en Suisse et lui-même a habité ce pays, parle l’anglais et l’allemand, ce qui a grandement facilité nos échanges et une compréhension mutuelle de ce que nous voulions. Il connaissait également nos chants en français et en allemand.
Le Père Emmanuel a eu la délicatesse de nous faire parvenir son commentaire du texte des béatitudes, de façon à ce que nous puissions la traduire en allemand et l’inclure dans notre livret de prière, bilingue, afin que tous puissent suivre à tout moment.
Le jour même, Le Père Emmanuel a salué l’assistance dans les différentes langues des invités présents (français, allemand, italien, anglais), ce qui a immédiatement créé un sentiment d’appartenance de la part de tous.
Nous voulions un moment intime, familial et chaleureux, en accord avec les recommandations de Catherine et Pierre, mais aussi avec l’atmosphère de ce que nous voulions créer.
Nous étions très conscients de la chance que nous avions de pouvoir célébrer notre amour lors de cet instant très spécial, des efforts que cela représentait pour le Prêtre Emmanuel, Catherine et Pierre pour que des couples comme le nôtre en aient la possibilité, et nous ne voulions pas en abuser.
Ce sont nos familles qui ont animé le temps de prière grâce à un petit orchestre et qui ont lu les textes et intentions de prières.
Si, avant la célébration, certains étaient sceptiques en recevant notre invitation à partager un instant de prière (nous avons dû expliquer à nos familles et amis le pourquoi du comment), à la sortie, tous étaient enthousiastes.
L’assemblée était non seulement mixte de par leurs nationalités, mais il y avait des catholiques et des protestants.
Tous ont unanimement été surpris par la qualité et la richesse de cet instant de prière et nous avons reçus des commentaires de la part des plus sceptiques comme « si c’est aussi cela l’Elise, j’y retourne dès demain ». Nous avons par la suite pu témoigner dans notre entourage proche et moins proche de ce que nous avions vécu, des nouvelles possibilités offertes à ces nouveaux couples et avons vu des sourires, expressions de soulagement et d’espoir se lire sur beaucoup de visages.
Nous sommes infiniment reconnaissants envers la Paroisse du Val de Saône de nous avoir permis de vivre cet instant de cette manière et plus spécialement envers le Père Emmanuel Boulon, Catherine et Pierre pour le support humain et l’énergie avec laquelle ils nous ont accompagnés jusque là.
Notre message personnel aux couples qui souhaiteraient suivre cette voie également serait que si après le mariage civil l’on se sent plus proche, engagés envers l’autre, l’instant de prière y apporte encore une autre dimension. Chacun se regarde avec encore plus de respect et d’amour car placer en toute conscience son amour sous le regard de Dieu est un pas mûrement réfléchi.
Ceux qui souhaiteraient avoir un temps de prière juste pour le décor et/ou un élément obligatoire d’une belle fête de « mariage » seraient sur la mauvaise voie.
A vous tous, Père Emmanuel, Catherine et Pierre, nos plus profonds remerciements pour cette précieuse aide à commencer notre vie commune.
Astrid & Rolf-Arne