Témoignage de Christian et Isabelle
A l’occasion de la journée de commémoration des 6 ans de la lettre apostolique Amoris Laetitia
vendredi 8 avril 2022,
Chers amis, chères sœurs et frères en Christ, nous vous proposons notre témoignage à deux voix :
Isabelle : Je suis divorcée, mère de huit enfants. Il y a 6 ans, mon mari, à cause d’un profond mal-être, a décidé de quitter Lyon tout en me laissant la charge de la famille. Il continue à me reprocher de ne pas l’avoir suivi dans cette décision unilatérale qui mettait la famille en danger. Mes enfants m’ont soutenu, mais ils ont beaucoup souffert de cette séparation. J’ai tout d’abord souhaité rester fidèle à mon mariage. Puis j’ai rencontré Christian et j’ai accepté ce nouvel amour comme un cadeau.
Christian : Je suis veuf, père de six enfants. Ceux-ci ont beaucoup de mal à accepter ma nouvelle union. Ils ont l’impression de perdre leur maman une deuxième fois. Ils ont peur de perdre la base d’attachement qui leur a permis de se construire, de forger leur identité et leurs valeurs. Mais ils savent leur père heureux et ils le soutiennent face à une partie de ma belle-famille qui m’a rejeté avec brutalité.
I : Après un temps de discernement, nous avons choisi de nous marier civilement dès que le divorce serait prononcé. Nous avons aussi décidé d’un commun accord de suspendre la communion eucharistique, tout en continuant notre participation à la messe dominicale. Depuis 3 ans, nous vivons de la communion spirituelle. Nous nous sommes remariés civilement il y a un peu plus d’un an.
C : L’an dernier nous avons demandé au curé et à l’EAP de notre paroisse Saint-Maurice l’accompagnement d’un parcours ecclésial « Amoris Laetitia » avec l’accompagnement de la paroisse Sainte-Blandine, pouvant nous mener au retour aux sacrements. Notre EAP a dépêché un couple, Myriam et Olivier, pour nous accompagner dans notre cheminement. Ils ont assisté à toutes les rencontres.
I : Le parcours regroupait six couples dans des situations de vie et avec des demandes diverses, mais souffrant tous des blessures de la séparation. Il a été animé par Isabelle et Dominique, un couple recomposé qui avait vécu un parcours précédent, et comme ce dernier, s’est appuyé sur l’Évangile de la guérison de l’aveugle Bar Timée. Chemin faisant, nous avons découvert comment le Seigneur pouvait ouvrir et soigner les cœurs à l’occasion d’une épreuve et nous avons ressenti la joie de voir autour de nous des couples recomposés grandir et se fortifier au feu de l’Évangile. Ce temps fut pour nous un temps de grâce, un temps de soin, qui nous a plongés au cœur secret de notre être jusqu’à une grande soif de recevoir le pardon de l’Eglise. Le parcours a pris fin au début de cette année. A cette occasion, nous avons sollicité puis reçu l’un et l’autre le sacrement de réconciliation.
C : Puis nous avons sollicité de notre EAP l’accueil fraternel et miséricordieux de notre couple à la table eucharistique. C’est Myriam et Olivier qui ont porté notre demande qui a été acceptée. Nous sommes donc en cours de préparation de la célébration de la miséricorde qui accompagnera cet accueil. Car cette gratuité, dont l’eucharistie est le signe, en aucun cas nous ne la méritons, mais nous voulons la partager avec toute notre communauté chrétienne. C’est en effet le mystère de la miséricorde que d’être toujours à la fois reçue et donnée : « Remets nous nos dettes comme nous les remettons à nos débiteurs ». Car si nous demandons à l’Église de nous l’accorder, c’est aussi une invitation que nous lui faisons de la recevoir elle aussi. C’est la miséricorde que nous voulons partager dans et par l’eucharistie.
I : Nous avons expérimenté tous les deux les difficultés et les blessures qu’il y a de vivre une séparation comme une nouvelle union. Nous savons que beaucoup parmi vous ont pu en connaître, en partager on en souffrir de semblables, personnellement ou parmi leurs proches.
C : Notre témoignage, c’est que ces blessures ont pu nous mettre, et peuvent vous mettre, au long d’un parcours ecclésial et fraternel de soin, à l’écoute et à l’accueil de la Vie qui crie en nous car « une blessure écoute toujours plus finement qu’une oreille ». Merci de votre écoute.