Éléments pour aider au discernement Jugement de conscience
Plusieurs éléments peuvent intervenir ensemble pour éclairer le « jugement de conscience »
1. La recherche de clarification sur le premier mariage
En cas de doute sur sa validité et grâce à un entretien avec une personne qualifiée, il s’agira non seulement d’un examen sur la validité de ce mariage, mais surtout d’une relecture de sa vie pour s’interroger loyalement sur la qualité des essais de réconciliation entre époux.
Quelle que soit la conclusion de cet examen, il se peut qu’un des conjoints, après une recherche loyale, demeure convaincu de la nullité du mariage en conscience et en toute bonne foi.
2. La reconnaissance des dommages causés par la séparation
Chacun doit faire des efforts constants pour maintenir une attitude charité et de justice envers le premier conjoint et les enfants de la première union. L’aveu de la part de responsabilité qui appartient à chacun ouvre toujours le chemin du pardon. La demande de pardon et le désir de pardonner en retour constituent un des signes de la conversion du cœur et du retour vers Dieu. « Pardonne-nous nos torts envers Toi comme nous-mêmes avons pardonné à ceux qui avaient des torts envers nous » (Mt. 6,12-15).
3. L’attitude non agressive envers le précédent conjoint, ou envers l’Église
Passer de la revendication et de la colère à une attitude d’acceptation u réel et de compréhension de l’Évangile et de l’Église est le signe d’une vraie conversion qui commence dans l’épreuve elle-même. Peuvent aussi être considérés comme vivant une attitude équitable ceux qui ne taxent pas d’intransigeance l’Église, même quand elle n’a pas reconnu la nullité du premier mariage en application des principes canoniques régissant la validité du mariage.
4. La durée et la qualité du second couple
S’il s’avère stable, par exemple depuis une dizaine d’années, paisible, fidèle, le jugement de conscience doit en tenir compte. La relation aux enfants et le soin apporté à leur éducation constituent également un élément des jugements favorables.
5. La qualité de la vie spirituelle des époux divorcés-remariés
Elle constitue l’une des marques les plus certaines de la « bonne foi » chrétienne.
Il ne manque pas de divorcés-remariés qui ont pris conscience de la faiblesse de leur vie chrétienne passé e et qui ont
été poussés intérieurement à une vie de foi beaucoup plus forte à partir de leur second mariage, individuellement ou
en foyer.
Ils prient plus souvent, se nourrissent de la parole de Dieu, célèbrent le dimanche en allant à la messe régulièrement,
se reconnaissent humblement pécheurs appelés au pardon, éduquent leurs enfants selon la foi d’une manière plus
décidée que jadis, participent à l’évangélisation, se montrent assidus à des groupes de prière ou d’apostolat.
Comment ne pas reconnaître, avec eux, que ce progrès est non seulement l’œuvre d’une conversion intérieure, amis
aussi de « l’Esprit Saint qui souffle où II veut et quand II veut ? » (Jean 3, 8)
6. Le dialogue avec d’autres chrétiens
C’est le dernier élément dont il faut tenir compte.
Il prouve aux divorcés-remariés l’ouverture et la sincérité de leur recherche, permet de rompre l’impression d’un rejet loin de l’Église ou d’une exclusion : il donne aux baptisés des éléments complémentaires de jugement de conscience, permet un discernement spirituel sur leur « état d’âme » et leur relation à Dieu. De toute façon, il rompt l’impression d’une exclusion ou d’un rejet de la communauté des chrétiens.
Lorsque, sur ces six points pris ensemble, le jugement de conscience est largement positif, il devient signe que
les époux divorcés-remariés ne sont pas en état de rupture avec Dieu mais proches de la communion avec
Lui. Les aider à en perdre conscience et à en tirer de bonne foi, eux-mêmes, toutes les conséquences pour
leur vie chrétienne, après en avoir parte avec d’autres chrétiens, constitue une voie à laquelle nous devons
penser – eux et nous. Elle est une voie de miséricorde et de vérité à la fois pour les divorcés-remariés et pour
la communauté chrétienne tout entière ;
Elle ne change pas la situation canonique ou officielle des divorcés-remariés mais elle éclaire et promeut leur
liberté de conscience.
Elle peut les aider à progresse spirituellement dans la paix du cœur en s’en remettant à la miséricorde de Celui
qui, seul, juge les reins et les cœurs et jugera finalement nos existences de pauvres pécheurs,
pardonnés et réconciliés dans la Mort et la Résurrections du Christ.
Elle nous fait tous progresser sur le chemin de la Miséricorde de Dieu à l’égard de tous les hommes.
Monseigneur Jean-Charles THOMAS, évêque de Versailles, 1997