réaction de Luc Forestier

Diaconat féminin : « La question sera celle du statut d’une commission sur le sujet »

Recueilli par Marie Malzac, le 13/05/2016 à 16h05

 Forestier, prêtre de l’Oratoire, directeur de l’Institut d’études religieuses de l’Institut catholique de Paris

« Le dossier est ancien, puisqu’on retrouve les diaconesses dans la Première épître aux Romains. À l’époque, elles exerçaient un service très différent de ce que font les diacres permanents aujourd’hui, de même que les diacres du Nouveau Testament ont des attributions qui ne sont pas du tout les mêmes qu’autrefois.

Ce ministère a beaucoup évolué, si bien que lorsque le Concile Vatican II a décidé de permettre aux Églises de réintroduire le diaconat permanent, les textes ont parlé de restauration mais aussi d’instauration. Le débat autour des racines historiques de cette institution ne règle donc pas la question. Veut-on restaurer une pratique ancienne ou aller au-delà ?

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Les conférences épiscopales doivent être pleinement intégrées à la réflexion

En 2003, la Commission théologique internationale s’est déjà penchée sur la question du diaconat féminin. Si une commission est à nouveau mise en place, il ne faut donc pas qu’elle soit purement historique. La question de son statut sera centrale, et le risque majeur est qu’elle soit un « comité Théodule ».

La décision de permettre aux femmes d’accéder au diaconat est pastorale, car possible théologiquement, et doit être le fruit à la fois de la collégialité épiscopale et de la synodalité de l’Église. Les conférences épiscopales doivent être pleinement intégrées à la réflexion car les situations varient énormément d’un pays à l’autre.

La nouvelle façon de gouverner l’Église du pape François, l’impulsion qu’il veut donner pour un exercice du magistère décentralisé pourraient permettre cela.

En 2009, Benoît XVI a donné une clarification, dissociant d’une part les ministères du presbytérat et de l’épiscopat, de l’autre le diaconat, ce qui pourrait également ouvrir une porte. Il faut toutefois être vigilant, car cette « cléricalisation » des femmes n’est pas le seul moyen de donner davantage de pouvoir aux femmes dans l’Église, ce que le pape appelle régulièrement de ses vœux. Ce sont même deux questions distinctes, quoique corrélées. Quelles seraient les modalités de ce ministère confié aux femmes ? Comment s’appliqueraient-elles selon les lieux ? Cette réflexion est très intéressante, mais il ne faut pas pour autant laisser de côté celle sur les moyens de permettre aux femmes d’accéder à davantage de responsabilités ecclésiales. »

Recueilli par Marie Malzac