La femme est et sera l’avenir de l’Eglise.
« Les femmes et l’avenir de l’Eglise » Joseph Moingt (Etudes Janvier 2011)
Est-ce que le déclin de l’Eglise au cours de la deuxième partie du XXème siècle serait lié à
l’émancipation de la femme et son accession à des responsabilités professionnelles, familiales,
sociales ou politique ?
L’Eglise honore des femmes, en reconnait docteurs de l’Eglise, plusieurs sont autour de Jésus,
mais elle reste encore profondément marquée par la condition des sociétés patriarcales et
traditionnelles qui prévalaient à l’époque bibliques. Les positions sur la sexualité ou la
contraception heurtent aujourd’hui une partie des femmes qui ne retrouvent plus dans l’Eglise
un lieu d’épanouissement et de confiance et pour certaines s’écartent de l’Eglise.
Or les femmes ont joué un rôle important dans la transmission de la foi via l’éducation des
enfants de même que dans la vie de l’Eglise, en assurant le catéchisme, le service auprès des
plus faibles et des pauvres. Elles étaient, il y a encore peu de temps de loin les plus
nombreuses parmi les fidèles et les auxiliaires du clergé. Vatican II avait reconnu ce rôle
important des femmes religieuses ou laïques dans la vie de l’Eglise et avait ouvert à plus de
reconnaissance et de responsabilités, mais les années 80 ont marqué un pas puis revirement.
Les femmes, dont on réclame de plus en plus la participation et la disponibilité ne peuvent
être qu’à l’ombre sous l’autorité sacerdotale. Malgré le besoin croissant d’implication des
laïcs face à la tragique diminution des vocations, les femmes sont méthodiquement et
volontairement éloignées de l’autel et des sacrements. Cette attitude s’explique en grande
partie par la crainte de la hiérarchie ecclésiale de faire naitre ou d’encourager chez elles le
désir du sacerdoce. Or ce débat qui agite régulièrement l’Eglise n’est pas clos et la peur de le
voir renaître peut conduire les responsables religieux à une certaines discrimination. Mais les
femmes n’ambitionnent pas toutes le presbytérat ou le pouvoir, elles ambitionnent
légitimement une reconnaissance dans le cercle religieux qui soit en phase avec celle qu’elles
ont dans la société.
Ne pas répondre à cette attente, est un peu « suicidaire » pour l’Eglise qui se prive d’un
moteur dans l’évangélisation du monde. Mais l’Eglise se réfugie derrière les lois naturelles et
divines pour expliquer ses positions qui lient la sexualité au mariage et la procréation ou qui
l’empêche de laisser une place aux femmes dans les instances dirigeantes. Mais ces sujets sont
plus liés à la société et aux mœurs qu’au sacré. L’Eglise ne doit pas se réfugier derrière le
paravent de l’histoire et du dogme pour justifier son immobilisme. Elle doit faire preuve de
plus de modestie et mieux distinguer ce qui relève du sacré fondamental, de ce qui relève de
l’évolution des mœurs. D’ailleurs, elle montre parfois, en certains lieux qu’elle a la capacité
de comprendre une réalité sociale qui évolue et de s’y ouvrir avec bonté. L’Eglise doit donc
s’ouvrir à l’esprit du monde qu’elle ne plus enseigner de loin en donneuse de leçon.
Reconnaitre le rôle des femmes en son sein sera aussi une manière de renouer avec une réalité
séculière dont elle s’éloigne chaque jour un peu plus perdant toute prise pour ce qui est sa
mission première d’évangélisation.
Des paroles et du chemin du Christ, il est difficile de tirer de manière définitive quel est le
rôle qu’il voyait, souhaitait ou envisageait pour les femmes. Mais il est certain qu’il était
entouré de femmes, qu’il croyait en elles et leur a confié comme à ses apôtres un peu de lui-
même. Et Paul de nous dire qu’il n’y a plus « ni masculin et féminin, car à vous tous vous êtes
un seul en Christ Jésus ». Un principe à ne pas oublier, qui ne peut que conduire dans l’Eglise
comme dans la société à une libération de la femme par rapport aux modèles traditionnels et
une plus grande reconnaissance de sa contribution. C’est pour l’Eglise le seul chemin pour
rester tolérante et ouverte au monde.
La femme est et sera l’avenir de l’Eglise.