Attention une brebis peut en cacher une autre !
Lorsqu’on évoque la pastorale des périphéries, on aime à citer, et à juste titre, la parabole du bon pasteur qui laisse les 99 brebis de son troupeau pour aller chercher la brebis perdue.
Mais comme souvent, on a une forte tendance à lire cette page d’Evangile dans une perspective un peu moralisatrice : ne dit-on pas alors que le berger ramène la brebis dans le droit chemin, qu’il lui fait réintégrer le giron de l’Eglise…le terme même de brebis perdue évoque à certains la femme perdue, ou le fils prodigue, celle ou celui qui s’est mis volontairement en rupture avec le troupeau.
Cette brebis de l’Evangile avait-elle volontairement fuguée comme la chèvre de Monsieur Seguin éprise de liberté, avait-elle perdu son chemin en ramassant un bouquet de fleurs pour sa maman comme Boucle d’or dans la forêt, ou était-elle seulement un peu fatiguée et s’était-elle fait distancée par le troupeau qui ne l’avait pas attendu ?…..l’Evangile ne le dit pas car peu importe puisque c’est l’occasion pour le Berger de nous montrer que son amour ne prend pas en compte ce genre de question . Il aime et sauve sans mesure.
D’ailleurs est-il bien légitime d’appliquer l’image de la brebis perdue, aux chrétiens divorcés-remariés. Comme me le faisait remarquer quelques amis dans cette situation, ces chrétiens connaissent très bien le chemin de la bergerie, ils appartiennent à une paroisse, participent aux assemblées dominicales, sont parfois investis dans des services paroissiaux ou dans des mouvements, ils élèvent même chrétiennement leurs enfants…De l’enclos où paissent et se repaissent les 99 brebis qui y demeurent, ils connaissent donc très bien le chemin, ils sont d’ailleurs tout près, juste derrière la clôture électrique . Ils ont fait plusieurs fois le tour de l’enclos, mais ils n’ont pas trouvé la moindre porte.
Alors, ils essayent de manifester leur présence, de dire leur souhait de renter et de pouvoir à nouveau demeurer au milieu du troupeau et de son berger. Le bon Pasteur ne les entend pas car certaines brebis essayent de couvrir leur voix ou de les faire taire, comme les passants dans la parabole de l’aveugle du bord du chemin. Mais lui crie de plus belle !
Alors ils attendent….
ils espèrent la voix qui leur dira
« Que veux-tu que je fasse pour toi »….
Qui osera la leur dire ?