ordination des femmes !

Quelqu’un avait posé cette question Pourquoi l’Église catholique n’ordonne-t-elle pas de femmes prêtres ?

un prêtre avait répondu ce qu’on entend partout à ce sujet:

Anne Soupa a bien résumé les arguments :

Malhonnêteté, quand tu nous tiens !

Anne SOUPA : 10 fév 2016

Sur le site de la revue « Croire » vient de paraître une réponse à un internaute qu’il n’est pas possible de laisser sans réaction. La réponse s’intitule : « Pourquoi l’Église catholique n’ordonne-t-elle pas de femmes prêtres ? » Elle émane d’un prêtre du Burkina Faso et date de 2012. L’argumentation intellectuelle de cet article combine plusieurs manœuvres, aussi douteuses les unes que les autres :

  1. Discréditer les détracteurs : les partisans de l’ordination de femmes « revendiquent ». Ce sont donc des gens peu pacifiques, des gens qui compliquent tout. L’auteur  de l’article, par contre, est plein de bonne volonté, il va tenter de convaincre. Réussira-t-il ?
  2. Déformer les arguments des détracteurs, en disant qu’ils posent mal le problème car ils voient tout en termes de « pouvoir ». Ce sont donc des « assoiffés de pouvoir », et ils accusent le clergé d’une volonté « farouche » de le garder. L’auteur s’applique à utiliser le terme de « pouvoir » pour désigner ce que veulent les femmes, et celui de « service » pour désigner ce que font les hommes, selon la terminologie habituelle de l’Église. Par cet usage, il sous-entend que les femmes qui demandent l’accès à la prêtrise sont incapables de comprendre ce qu’est le service, puisqu’elles ne parlent que de « pouvoir ». C’est presqu’une manière de les mettre dehors, car elles ne comprennent rien à la beauté de la Maison Église, si attachée au « service ». Et de fait, si l’auteur parlait effectivement de « service », on pourrait lui objecter que le service doit être accessible à tous et que donc, les femmes sont aussi capables de servir.
  3. Utiliser des arguments qui méconnaissent la notion de Tradition. L’auteur soutient que l’Église ne peut statuer sur quelque chose qui n’a aucun précédent. Il serait donc contraire à la saine Tradition de prendre une initiative qui ne s’est jamais produite dans l’histoire. Bon. Mais, en vertu d’un tel principe, combien d’innovations aurait-il fallu refuser au cours de la longue histoire de l’Église : plus de Curie au Vatican, plus d’électricité ni de micros dans les églises, plus d’internet ? Quelle grossière erreur sur la définition chrétienne de la Tradition, elle qui est le pouvoir de relier le passé et le présent « selon l’esprit » et non « selon la lettre ».
  4. Utiliser un argument tronqué : quand l’auteur dit que « l’ordination sacerdotale, par laquelle est transmise la charge, confiée par le Christ à ses Apôtres, d’enseigner, de sanctifier et de gouverner les fidèles, a toujours été, dans l’Église catholique depuis l’origine, exclusivement réservée à des hommes », il omet de dire que Jésus n’a jamais ordonné de prêtres ! C’est à l’aube du 3e siècle que les « prêtres » sont apparus. La première Apôtre, « l’Apôtre des apôtres » selon l’expression de saint Cyprien, au 2e siècle, est Marie de Magdala qui a annoncé la Résurrection et fondé l’Église comme étant ce grand corps de ceux qui croient et annoncent la Résurrection. L’avons-nous oubliée ? Pendant qu’elle se hâtait pour faire son annonce aux disciples, Pierre et Jean étaient tout bonnement… rentrés chez eux (Jean 20, 10). Ah, si on les avait attendus, on aurait pu attendre longtemps. Pas très glorieux pour des futurs princes de l’Église !
  5. Et un autre argument tout aussi tronqué : quand l’auteur dit qu’il suit fidèlement l’enseignement de Jésus, en matière de choix des Douze, c’est oublier que Jésus, dans son ministère, n’a jamais discriminé entre les hommes et les femmes. Il a traité chacun comme un être humain à part entière, sans jamais prononcer aucune parole sur la fameuse « différence » que l’Église voit partout. Quand il appelle les « Douze », ce ne sont pas des « mecs » qu’il veut, c’est tout le peuple d’Israël, représenté par ses 12 tribus. Tout le contraire d’un esprit de sélectionneur d’équipe de foot : Jésus, lui, appelle tout le monde !
  6. Et un dernier argument. Il a beau être celui du pape Benoît, je ne souhaite à personne de devoir l’utiliser, tellement il est spécieux : « L’Église n’a en aucune manière le pouvoir d’ordonner des femmes. Nous ne disons pas : nous ne voulons pas, mais : nous ne pouvons pas. » Là, je demande : Qui tient les rênes dans cette Église ? On feint de croire que personne n’agit, que seul le Christ est maître en son Église et que ses serviteurs ne font rien, mais rien du tout. Je crois réentendre Marie-Thérèse, dans La vie n’est pas un long fleuve tranquille, soutenir à sa patronne qu’elle est enceinte sans avoir rien fait : « J’vous jure Madame, j’ai rien fait ! » Inconscience, malhonnêteté crasse ? Je me souviens avoir obtempéré jadis à cet argument, le trouvant magnifique de spiritualité… Ah, j’en frissonne encore ! Mais je crains de ne pas être la dernière à frissonner. Quelle splendide entourloupette, venant d’une Église qui sait très bien, lorsqu’elles ne l’arrangent pas, ne rien faire des paroles même de Jésus. Elle a, par exemple, totalement omis d’obéir à l’ordre, pourtant formel, de Jésus en Matthieu 26, 13, de se souvenir du geste de Marie de Béthanie qui répandit du parfum aux pieds de Jésus. Alors, deux poids deux mesures ?
  7. Mais la coupe est pleine lorsqu’on atteint la seconde partie de ce papier indigne : « Non l’Église n’est pas discriminante, ni misogyne […]. L’apport des femmes est considérable. » Ah, là, pas de doutes… comment ferait l’Église sans ces innombrables « petites mains » ? Oh, malhonnêteté foncière ! Mais qui trompe-t-on ? Les femmes peuvent tout faire sauf l’essentiel ? Elles ont le « reste ». Aucune femme n’a voté au synode sur la famille, mais « l’Église ne fait aucune discrimination » ? J’ai honte que mon Église, par le biais d’une revue sérieuse, se laisse aller à un vulgaire déni de la vérité, à l’encontre même de son pape, qui ne cesse de dénoncer la sujétion dont sont victimes les femmes (cette « servidumbre » qu’il évoque, par exemple, lors du 25e anniversaire de Mulieris Dignitatem, à un symposium de femmes catholiques). Alors, jusques à quand ?

Anne Soupa

 

Une réflexion sur « ordination des femmes ! »

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