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un autre regard
Un autre regard sur la fonction ou plutôt les fonctions du prêtre..une manière de revisiter l’épitre aux hébreux .
C’est l’analyse d’un livre qui traite de cette question et que vous pouvez trouver sur le site de la CCBF
La question du sacerdoce est au cœur de l’Épître aux Hébreux : les termes « sacrifice » « prêtre » et « grand prêtre », « médiateur » y sont omniprésents. Faut-il, pour autant, rendre cette épître responsable du retour plus que symbolique de l’Église à un régime sacerdotal copié sur celui de l’Ancien Testament, et ceci dès les années 200 ? Beaucoup l’ont fait, jusqu’à nos jours en faisant une lecture sacrificielle de l’épître. C’est une lecture très différente qui est proposée par d’éminents théologiens dans le cahier « Média Sèvres » n° 98 et qui est résumée ci-dessous.
1 – Le sacrifice du Christ est différent et unique.
Il est radicalement différent des sacrifices de l’Ancien Testament : ce n’est pas un échange don pour don entre les hommes et Dieu, mais l’oblation gratuite de toute une vie jusqu’à la mort. La croix du Christ n’est pas un sacrifice, mais un crime auquel Jésus s’est exposé par obéissance à Dieu et solidarité avec les hommes.
Ce « sacrifice » est unique et définitif : l’épître martèle à trois reprises le fameux « Une fois pour toutes » (He 7.27, 9.2 et 10.10). Il n’y a donc plus de sacrifice à offrir : le sacrifice du Christ n’a pas à être répété.
2 – Comme pour le sacrifice, le sacerdoce du Christ est à la fois différent et unique :
– sacerdoce différent, parce qu’il ne s’agit pas d’une fonction liturgique mais d’un destin personnel ;
– sacerdoce unique, parce que cet unique « grand prêtre » est unique médiateur ;
– il est unique médiateur, parce qu’il est seul à être à la fois dans une relation de foi totale avec son Père, et en relation de charité et de solidarité totale avec les hommes ses frères.
3 – Comme il n’y a pas d’autres prêtres que le Christ, il n’y a plus de prêtres ; comme il n’y a plus de sacrifice à offrir, il n’y a en a plus besoin.
La nouveauté de l’Épitre aux Hébreux, comme de tout le Nouveau Testament, est de ne jamais désigner ni penser les ministères chrétiens dans les catégories sacerdotales de l’Ancien Testament ou des autres religions.
La sacerdotalisation du presbytérat et de l’épiscopat est donc étrangère à l’Écriture néotestamentaire.
4 – Alors peut-on encore dire « Tous prêtres » ?
La 1re épître de Pierre parle du sacerdoce commun des fidèles et l’Apocalypse d’un peuple de prêtres comme annoncé dans l’Exode. Ces notions sont inconnues de l’Épître aux Hébreux. C’est une de ses énigmes. L’épître exclut formellement toute forme de médiation individuelle ou collective des chrétiens, mais elle n’interdit pas de reconnaître à la vie oblative à laquelle ils sont appelés le caractère sacerdotal qui marque la vie et la mort du Christ.
5 – L’Épître est muette sur l’eucharistie, même quand elle aborde des sujets très proches : c’est également une énigme de cette épître. En tout cas, il est impensable que les assemblées chrétiennes évoquées dans ce texte aient connu un rite eucharistique sacrificiel.
L’histoire de l’Église, avec notamment le concile de Trente, montre comment c’est le caractère sacrificiel donné à l’eucharistie qui a conduit à l’instauration d’un clergé nécessaire pour le célébrer.
6 – Conséquences en ecclésiologie : quelles médiations ecclésiales ?
Sont à exclure les médiations ayant le caractère d’intermédiaires sacrés obligés.
Il est contradictoire avec l’épître de sacerdotaliser un ministère – lié à la ‘sacrificialisation’ de la messe – opération qui « désarcerdotalise » le peuple de Dieu en déchargeant les croyants de leur dignité de baptisés et de leurs responsabilités ecclésiales.
Mais il existe une possible médiation grâce au registre symbolique
Voici comment :
* L’Église peuple sacerdotal au cœur de l’histoire des sociétés ?
En lui refusant le qualificatif de « sacerdotale », l’épître invite l’Église à ne pas se poser en intermédiaire obligé.
Par contre, si l’on comprend la médiation dans le registre symbolique, l’Église peut devenir ce signe proposé à la lecture des peuples dans le même mouvement où elle-même quête des signes de son Seigneur en tout visage d’humanité. Mais ce type de médiation ne s’impose pas : l’accès à Dieu ne passe pas nécessairement par elle.
* Un peuple faisant mémoire du « sacrifice » fondant le sien ?
La ritualité peut être pensée et vécue si elle révèle la mémoire de la relation qui fonde notre existence, la mémoire vivante du sacrifice existentiel du Christ. Il est nécessaire de nous nourrir symboliquement de celle-ci puisque nous devons garder le regard fixé sur l’initiateur de la foi (He 12.1)
*- Des « higoumènes » (dirigeants) signifiant l’unique « archègonte » ?
C’est le point délicat des « dirigeants ».
L’Épître aux Hébreux (He 13.17) ne nie pas la responsabilité de « certains » au service de ce qui est communiqué à tous. Tout en écartant l’institution d’intermédiaires du sacré chez les chrétiens, elle n’interdit peut-être pas de rechercher un autre type de rapport, un rapport de signification entre les dirigeants et le Christ.
C’est le point sur lequel plusieurs théologiens comme B. Sesboüé, G. Martelet1 ou A. Vanhoye2, font des réserves envers une critique excessive de la théologie classique : Ainsi, pour le cardinal Vanhoye, ces « dirigeants » ne sont ni des médiateurs qui se substitueraient au Christ et se considéreraient comme les maîtres absolus des chrétiens, ni de simples délégués de la communauté chrétienne, mais des « mandataires » du Christ prêtre, titre qui semble aller un peu au-delà des intentions de l’épître.
Que pouvons-nous penser de tout cela ?
Grâce à ce cahier Médiasèvres, nous savons maintenant que, loin d’être un texte qui pousse à la sacerdotalisation, l’Épitre aux Hébreux nous provoque à engager les révolutions nécessaires. La « désacerdotalisation » des ministères (épiscopat et presbytérat) permettrait :
– d’abolir la distinction clerc / laïcs ;
– de cesser de limiter les ministères à des mâles célibataires s’engageant pour la vie ;
– de rendre enfin possible la disparition de toute discrimination hommes/femmes dans l’exercice des responsabilités ecclésiales.
Nous pouvons remercier tous ces théologiens courageux qui nous ont encouragés dans cette démarche.
Jean Housset
8 février 2016
1 Dans le cahier Médiasèvres n° 98
2 Dans « Prêtres anciens, prêtre nouveau selon le Nouveau Testament » (Seuil, 1980)
pour des femmes dans l’Eglise
voici une initiative suisse, que nous retransmets le site des » paroissiens progressistes » du site catho suisse, cath.ch
Mgr Felix Gmür : « Une Église sans femmes serait un non-sens »
Publié le 22 Février 2016
cath.ch nous montre dans une article du vendredi 20 février 2016 qu’une “catholique postmoderne”, une religieuse, un évêque et une assistante pastorale ont présenté le 19 février 2016 à Berne le projet “Kirche mit den Frauen” (l’Église avec les femmes). À travers cette initiative, ils souhaitent que les femmes soient davantage impliquées dans les processus décisionnels de l’Église. Un pèlerinage à pied de Saint-Gall à Rome est prévu pour remettre directement leur demande au pape François en juillet prochain.
“Le temps n’est-il pas venu, avec le pape actuel, de marcher pour une Église fraternelle ?”, demande Hildegard Aepli, assistante pastorale, qui coordonne depuis deux ans et demi le projet “Kirche mit den Frauen”. Les hommes, dans le futur, ne devraient plus décider seuls de la fonction et du rôle des femmes dans l’Église catholique. Un groupe de sept pèlerins aimerait transmettre ce souhait au pape François le 2 juillet prochain à Rome. Pour cela, ils marcheront 1000 km et espèrent que 1000 personnes de plus les accompagneront à leur arrivée.
Ce souhait n’est pas uniquement porté par des femmes. La présence de Mgr Gmür à la conférence de presse, le 19 février dernier, en atteste. Tout comme l’évêque de Saint-Gall, Markus Büchel, l’évêque de Bâle souhaite être présent à Rome à l’arrivée du groupe de pèlerins. “Une Église sans les femmes, ce serait un non-sens”, a-t-il affirmé lors de la conférence de presse, pour fonder son soutien au projet.
Il sait d’expérience l’avantage d’impliquer les femmes dans les processus décisionnels de l’Église. Non qu’elles soient meilleures, mais “elles en font partie parce que chacune et chacun doit y amener sa voix”, selon Mgr Gmür. L’image du pèlerinage avec un but lui plaît : “C’est un processus que j’aimerais soutenir”.
Ce but exact est encore ouvert : les initiants demandent qu’un processus de dialogue commun soit instauré. Par conséquent, le groupe ne milite pas pour l’ordination sacerdotale des femmes – un thème qui n’a d’ailleurs pas été évoqué lors de la conférence de presse. “En marchant, nous voulons poser les fondations pour un dialogue. Nous ne définissons donc pas quel thème doit être abordé en premier”, explique Hildegard Aepli, une des initiatrices principales du projet.
“Ne pas écouter les femmes revient à se priver de charismes et d’expériences de valeur”, affirme Irene Gassmann, prieure des bénédictines de Fahr et impliquée au cœur de ce projet. La règle de saint Benoît prévoit que le supérieur d’un monastère doive consulter tous les frères et sœurs dans les décisions qu’il prend, explique la religieuse, qui participera à une partie du pèlerinage – en habit de pèlerin, confie-t-elle.
Lea Stocker, qui participera elle aussi au pèlerinage, formule les choses plus directement. L’Église catholique aurait “perdu le contact avec la réalité” sur certaines questions, affirme cette jeune femme de 36 ans. “L’Église catholique est importante pour moi. J’accepte qu’elle soit lente, mais pas qu’elle soit immobile !”, affirme cette médecin qui se décrit comme une “catholique postmoderne”.
À Rome, l’équipe organisatrice espère célébrer l’eucharistie avec le pape François, voire même être reçue en audience. Le Saint-Père a d’ores et déjà reçu deux lettres manuscrites à ce propos. La réponse du Vatican, qui stipule qu’en juillet le pape François n’apparaîtra pas en public, ne décourage pas les pèlerins. “Le pape a déjà souvent fait exception à des règles établies”, sourit Hildegard Aepli, pleine d’espoir.
Une réflexion très intéressante soutenue par deux évêques suisses qui sera mise en acte pour une plus grande implication des femmes dans les processus décisionnels de l’Église mérite d’être appuyé jusqu’à Rome. Maintenant ici, en France nous devrions aussi penser sérieusement à un rôle plus important des femmes et pourquoi pas y réfléchir sérieusement.
Merci !
ordination des femmes !
Quelqu’un avait posé cette question Pourquoi l’Église catholique n’ordonne-t-elle pas de femmes prêtres ?
un prêtre avait répondu ce qu’on entend partout à ce sujet:
Anne Soupa a bien résumé les arguments :
Malhonnêteté, quand tu nous tiens !
Anne SOUPA : 10 fév 2016
Sur le site de la revue « Croire » vient de paraître une réponse à un internaute qu’il n’est pas possible de laisser sans réaction. La réponse s’intitule : « Pourquoi l’Église catholique n’ordonne-t-elle pas de femmes prêtres ? » Elle émane d’un prêtre du Burkina Faso et date de 2012. L’argumentation intellectuelle de cet article combine plusieurs manœuvres, aussi douteuses les unes que les autres :
- Discréditer les détracteurs : les partisans de l’ordination de femmes « revendiquent ». Ce sont donc des gens peu pacifiques, des gens qui compliquent tout. L’auteur de l’article, par contre, est plein de bonne volonté, il va tenter de convaincre. Réussira-t-il ?
- Déformer les arguments des détracteurs, en disant qu’ils posent mal le problème car ils voient tout en termes de « pouvoir ». Ce sont donc des « assoiffés de pouvoir », et ils accusent le clergé d’une volonté « farouche » de le garder. L’auteur s’applique à utiliser le terme de « pouvoir » pour désigner ce que veulent les femmes, et celui de « service » pour désigner ce que font les hommes, selon la terminologie habituelle de l’Église. Par cet usage, il sous-entend que les femmes qui demandent l’accès à la prêtrise sont incapables de comprendre ce qu’est le service, puisqu’elles ne parlent que de « pouvoir ». C’est presqu’une manière de les mettre dehors, car elles ne comprennent rien à la beauté de la Maison Église, si attachée au « service ». Et de fait, si l’auteur parlait effectivement de « service », on pourrait lui objecter que le service doit être accessible à tous et que donc, les femmes sont aussi capables de servir.
- Utiliser des arguments qui méconnaissent la notion de Tradition. L’auteur soutient que l’Église ne peut statuer sur quelque chose qui n’a aucun précédent. Il serait donc contraire à la saine Tradition de prendre une initiative qui ne s’est jamais produite dans l’histoire. Bon. Mais, en vertu d’un tel principe, combien d’innovations aurait-il fallu refuser au cours de la longue histoire de l’Église : plus de Curie au Vatican, plus d’électricité ni de micros dans les églises, plus d’internet ? Quelle grossière erreur sur la définition chrétienne de la Tradition, elle qui est le pouvoir de relier le passé et le présent « selon l’esprit » et non « selon la lettre ».
- Utiliser un argument tronqué : quand l’auteur dit que « l’ordination sacerdotale, par laquelle est transmise la charge, confiée par le Christ à ses Apôtres, d’enseigner, de sanctifier et de gouverner les fidèles, a toujours été, dans l’Église catholique depuis l’origine, exclusivement réservée à des hommes », il omet de dire que Jésus n’a jamais ordonné de prêtres ! C’est à l’aube du 3e siècle que les « prêtres » sont apparus. La première Apôtre, « l’Apôtre des apôtres » selon l’expression de saint Cyprien, au 2e siècle, est Marie de Magdala qui a annoncé la Résurrection et fondé l’Église comme étant ce grand corps de ceux qui croient et annoncent la Résurrection. L’avons-nous oubliée ? Pendant qu’elle se hâtait pour faire son annonce aux disciples, Pierre et Jean étaient tout bonnement… rentrés chez eux (Jean 20, 10). Ah, si on les avait attendus, on aurait pu attendre longtemps. Pas très glorieux pour des futurs princes de l’Église !
- Et un autre argument tout aussi tronqué : quand l’auteur dit qu’il suit fidèlement l’enseignement de Jésus, en matière de choix des Douze, c’est oublier que Jésus, dans son ministère, n’a jamais discriminé entre les hommes et les femmes. Il a traité chacun comme un être humain à part entière, sans jamais prononcer aucune parole sur la fameuse « différence » que l’Église voit partout. Quand il appelle les « Douze », ce ne sont pas des « mecs » qu’il veut, c’est tout le peuple d’Israël, représenté par ses 12 tribus. Tout le contraire d’un esprit de sélectionneur d’équipe de foot : Jésus, lui, appelle tout le monde !
- Et un dernier argument. Il a beau être celui du pape Benoît, je ne souhaite à personne de devoir l’utiliser, tellement il est spécieux : « L’Église n’a en aucune manière le pouvoir d’ordonner des femmes. Nous ne disons pas : nous ne voulons pas, mais : nous ne pouvons pas. » Là, je demande : Qui tient les rênes dans cette Église ? On feint de croire que personne n’agit, que seul le Christ est maître en son Église et que ses serviteurs ne font rien, mais rien du tout. Je crois réentendre Marie-Thérèse, dans La vie n’est pas un long fleuve tranquille, soutenir à sa patronne qu’elle est enceinte sans avoir rien fait : « J’vous jure Madame, j’ai rien fait ! » Inconscience, malhonnêteté crasse ? Je me souviens avoir obtempéré jadis à cet argument, le trouvant magnifique de spiritualité… Ah, j’en frissonne encore ! Mais je crains de ne pas être la dernière à frissonner. Quelle splendide entourloupette, venant d’une Église qui sait très bien, lorsqu’elles ne l’arrangent pas, ne rien faire des paroles même de Jésus. Elle a, par exemple, totalement omis d’obéir à l’ordre, pourtant formel, de Jésus en Matthieu 26, 13, de se souvenir du geste de Marie de Béthanie qui répandit du parfum aux pieds de Jésus. Alors, deux poids deux mesures ?
- Mais la coupe est pleine lorsqu’on atteint la seconde partie de ce papier indigne : « Non l’Église n’est pas discriminante, ni misogyne […]. L’apport des femmes est considérable. » Ah, là, pas de doutes… comment ferait l’Église sans ces innombrables « petites mains » ? Oh, malhonnêteté foncière ! Mais qui trompe-t-on ? Les femmes peuvent tout faire sauf l’essentiel ? Elles ont le « reste ». Aucune femme n’a voté au synode sur la famille, mais « l’Église ne fait aucune discrimination » ? J’ai honte que mon Église, par le biais d’une revue sérieuse, se laisse aller à un vulgaire déni de la vérité, à l’encontre même de son pape, qui ne cesse de dénoncer la sujétion dont sont victimes les femmes (cette « servidumbre » qu’il évoque, par exemple, lors du 25e anniversaire de Mulieris Dignitatem, à un symposium de femmes catholiques). Alors, jusques à quand ?
Anne Soupa