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Réponse

Suite à la tribune que le journal La Croix a fait paraitre le 15 novembre,

 » Le synode a-t-il oublié les divorcés-remariés »,

https://www.la-croix.com/debat/Le-Synode-oublie-divorces-remaries-2023-11-15-1201290884

Suite à cette tribune du 15 novembre 2023, il y a eu un certain nombre de commentaires sur Facebook et dans le courrier des lecteurs auxquels je souhaite répondre tranquillement par écrit.  En effet, il n’est pas facile de répondre de manière nuancée en quelques lignes, il faut nécessairement de la place pour un développement un peu long. je propose dans cet article de répondre au maximum de questions bien légitimes que se posent les lecteurs. En effet cette tribune traitait de l’aspect canonique, législatif et pastorale sans entrer dans les détails des accompagnements proposés.

L’idée de la tribune était de montrer que sur la question de l’exclusion des personnes divorcée-remariées non mentionnée dans le rapport de synthèse du synode, l’exhortation apostolique du pape François, Amoris Laetitia, avait déjà répondu. En considérant  » la bonne interprétation » des évêques argentins relayée par Mgr Frenandez préfet du dicastère pour la doctrine de la foi, on peut dire  » la porte est ouverte pour ceux qui prennent sincèrement le chemin pour une intégration pleine et entière (sacramentelle) dans leur communauté ». Comme le dit Mgr Fernadez, la question est maintenant « de faire ». Comment inventer ensemble des propositions pastorales dans nos communautés ?

Commençons par écouter les personnes concernées répondre à la question :

Que veux tu que je fasse pour toi !

C’est à cause de la diversité des situations et des demandes qu’il faut des réponses différentes. Souvent, certains d’entre vous font des commentaires à partir de leur propre situation et trouvent les propositions faites totalement inadaptées à leur cas et donc les discréditent. C’est un risque qui nous guette tous.

Par exemple certaines personnes en nouvelle union disent qu’elles n’ont jamais arrêté de communier car elles se sont toujours senties invitées par le Seigneur et par des communautés accueillantes à leur situations ! C’est très heureux pour elles et nous nous en réjouissons. Evidement elles ne comprennent pas pourquoi elles devraient faire un cheminement de discernement (que souvent, par méconnaissance, elles assimilent à un chemin de pénitence). Elles ont également du mal à comprendre que d’autres chrétiens vivant en nouvelle union également, mais ayant eu des itinéraires différents, ayant rencontré des communautés ou des pasteurs différents, aient besoin de faire un cheminement dans une petite équipe paroissiale bienveillante qui vont les aider à oser répondre à la question « Que veux-tu que je fasse pour toi » en signifiant leur grand désir d’Eucharistie.

Quelles sont les premières propositions pastorales qui ont effectivement conduit les personnes en nouvelle union à communier à nouveau ?

La première difficulté est que ces expériences restent tellement discrètes presque secrètes qu’on ne se sait pas où il en existe. Je vais donc parler uniquement d’expériences vécues ou rapportées de première main.

Dans certains cas, ce sont les curés de paroisse qui vont rencontrer un couple de la paroisse « qui ne communie pas » et qui lui propose des rencontres pour l’aider à discerner et à se sentir « légitime » dans la communauté. Alors, bien intégré dans la communion ecclésiale les personnes sont conduites naturellement à communier.

Dans quelques diocèses, l’évêque a nommé des prêtres « missionnaire de la miséricorde » qui proposent un accompagnement personnel pour un discernement de retour aux sacrements. Le problème, est que si la communauté n’est pas informée, elle peut être alors plutôt réticente et l’intégration dans la paroisse ne se fait pas facilement.

Parfois, c’est une équipe qui accompagne le couple, plutôt qu’un prêtre tout seul, mais, de même, si la communauté reste en dehors de cet accompagnement, l’intégration du couple se fera selon le bon vouloir des paroissiens.

Par contre, si la communauté a mis dans son projet paroissial l’accueil des personnes divorcée en nouvelle union, l’équipe qui va se constituer autour de ces couples sera témoin de leur cheminement et leur intégration en sera facilitée.

Quelques paroisses de Lyon s’inspirent du processus des cheminements Bartimée et le déclinent selon leur besoin en l’adaptant aux demandes. Il y a des expériences similaires sur Toulouse, Pontoise …

Les bons fruits de ces cheminements c’est évidement tout d‘abord la joie des personnes accueillies, la joie des accompagnateurs et également la joie de toute la paroisse qui ressent physiquement cette communion ecclésiale qui cherche l’intégration de tous.

Et c’est exactement ce que demande Amoris laetita aux communautés : Qu’elles changent leur regard sur toutes les personnes exclues. En effet, le sous-titre du chapitre VIII d’Amoris laetitia est « Accompagner, discerner, intégrer ». Ces trois verbes d’action s’adressent en premier aux communautés. Ce sont elles qui accueillent, discernent et intègrent d’abord. Ceci permettra ensuite aux personnes divorcées d’entreprendre avec confiance un chemin de discernement au milieu d’une petite équipe.

Le rapport de synthèse du synode d’octobre 2023 demande explicitement de faire cesser les exclusions de toute sortes. L’exclusion des «divorcés-remariés » a été citée dans toutes les synthèses du monde, preuve que fort peu de monde n’a pas encore compris qu’Amoris Laetitia a ouvert la porte ! Preuve également que cette exhortation n’a pas été beaucoup lu, ni travaillée.

La priorité est donc de lire Amoris laetitia
et de la travailler dans les paroisses pour faire changer
les regards par rapport à ces exclusions.

Où peut-on trouver ces formations ?

Au centre Sèvres à Paris, à Lyon dans le certificat Amoris Laetitia à l’IPER , ou  au service nationale «  famille et société » de la CEF  des formations existent depuis plusieurs années pour les accompagnateurs de cette pastorale : Comment créer un groupe de paroles, proposer un chemin de reconstruction « osez la vie », un parcours «  oser se réengager », accompagner  pour vivre un « temps de prière » à l’occasion d’un mariage civil, proposer un cheminement de discernement vers les sacrements, pardon et Eucharistie comme le font les cheminements Bartimée. Et ce sont des formations officielles !

Le pape François à dit dans Evangelii Gaudium « même la porte des sacrements ne devrait pas se fermer pour n’importe quelles raison » Alors poussons la porte de l’Eglise ! La praxis authentique de l’Eglise catholique est maintenant « le discernement ».

Donc les paroisses et les pasteurs qui accueillent à l’Eucharistie tous les couples quel que soit leur état de vie, en pensant transgresser la «loi de l’Eglise », transgresse une discipline obsolète qu’Amoris Laetitia est venu abroger. Cependant, cette attitude pastorale de grande ouverture aurait peut-être bénéfice à proposer en équipe et pourquoi pas pour tous, une réflexion sur les sacrements du pardon et de l’Eucharistie car comme le dit le pape François au paragraphe 305 « En croyant que tout est blanc ou noir, nous fermons parfois le chemin de la grâce et de la croissance, et nous décourageons des cheminements de sanctifications qui rendent gloire à Dieu. Rappelons-nous qu’ « un petit pas, au milieu de grandes limites humaines, peut-être plus apprécié de Dieu que la vie extérieurement correcte de celui qui passe ses jours sans avoir à affronter d’importantes difficultés » . De même qu’il rappelle au N° 186 « Lorsque ceux qui communient refusent de s’engager pour les pauvres et les souffrants ou approuvent différentes formes de division, de mépris et d’injustice, l’Eucharistie est reçue de façon indigne ». C’est bien le discernement en conscience éclairée qui doit maintenant guider tous les chrétiens dans leur participation à l’Eucharistie.

Conclusion

Lisez Amoris Laetitia,
et poussez cette porte
que le pape François à ouverte pour nous !